Euro les Français poussent la porte des demies
Pour la troisième fois d’affilée, la France a failli lâcher un match qu’elle serrait pourtant bien fort. Mais en s’imposant
finalement 24-22 face à des Allemands quasiment éliminés, les Bleus entrevoient les demi-finales de l’Euro.
On va rarement au cinéma pour voir trois fois le même film en cinq jours. Les spectateurs qui ont assisté à la victoire de l’équipe de France sur l’Allemagne, dimanche à Innsbruck (24-22), ont pourtant dû ressentir une impression de déjà-vu. Comme face aux Tchèques et aux Espagnols lors du premier tour, les Bleus ont possédé face à l’Allemagne une avance qui aurait dû leur épargner toute palpitation dans les derniers instants. Mais il semble écrit qu’ils ne connaîtront jamais de fin de match tranquille dans cet Euro.
Du coup, on ne sait pas vraiment s’il faut louer la force mentale des hommes d’Onesta, capables, une fois encore, de résister dans les ultimes minutes à la furia d’un adversaire transcendé par son public, ou s’inquiéter de leur incapacité à conserver un avantage qui semble à chaque fois irrémédiable. « À six ou sept buts d’écart, l’adversaire va toujours jouer son va-tout à un moment, expliquait Claude Onesta après coup. Ils prennent tous les risques, ils partent en contre-attaque avec dix mètres d’avance, donc c’est vrai qu’ils jouent à quitte ou double. Pour le moment, ces quitte ou double nous font vaciller. Ces dix dernières minutes nous garderont vigilants. »
Omeyer et Jansen, tête contre tête
Le duel face aux Allemands a été extrêmement tendu de bout en bout, carrément violent par moments. Nikola Karabatic a mangé le sol de l’Olympiahalle plus souvent qu’à son tour ; Guillaume Joli a failli se faire tabasser par Roggisch après lui être rentré dedans ; et dès la quatrième minute de jeu, Thierry Omeyer s’était retrouvé tête contre tête avec Jansen, qui lui avait envoyé un cachou en pleine face. Un être humain y aurait perdu deux dents, le gardien des Bleus y a gagné une dose d’adrénaline et de motivation supplémentaire. « Même si c’est un bon gars et qu’il ne le fait pas exprès, racontait Guillaume Gille, coéquipier de Jansen à Hambourg, ça met le feu. »
Au terme de trente premières minutes accrochées, au cours desquelles aucune équipe ne prenait plus de deux buts d’avance, la défense française, avec un joueur détaché devant pour embêter les tireurs allemands, avait fait preuve d’une belle efficacité. Mais les Bleus ne viraient en tête qu’avec deux buts d’avance (12-10), la faute à un manque d’imagination et de solutions devant (seulement 19 tirs tentés).
Fernandez : « Être capable de tuer les matches »
Dix minutes de rêve en début de seconde période permettaient aux Bleus de prendre le large (19-12, 39e). Omeyer enchaînait les parades, Abalo et Guigou, les contre-attaques, et Joli les penalties (7/8 dans cet exercice). On pensait que l’hémorragie serait fatale aux Allemands. On les vit alors revenir à la vie. Ranimés par un public de plus en plus hystérique au fil de leur remontée, les hommes de Hainer Brand réduisaient l’écart en cinq minutes, de 22-15 (49e) à 22-20 (54e). « On n’a pas 60 minutes dans les jambes, concédait le capitaine Jérôme Fernandez. Heureusement, on avait pris sept buts d’avance donc ça ne nous a pas porté préjudice. Mais il faut qu’on en prenne conscience. Il faut vraiment qu’on soit capables de tuer les matches en 50 ou 55 minutes. » Revenus sur les talons des Français, les Allemands semblaient prêts à leur croquer les jambes. Qui sait ce qui se serait passé si Jansen n’avait pas, alors, envoyé son jet de 7 mètres sur le poteau…
Un ultime penalty de Joli, un Omeyer décisif, et un dernier but pour Sorhaindo garantissaient finalement le succès tricolore. Malgré leur passage à vide, les Bleus ont été globalement rassurants. « C’est un très bon match, analysait Onesta. Je crois qu’on est de mieux en mieux. On commence à être très stables défensivement. Quand on voit le nombre de buts qu’on prend encore une fois… » En débarquant sous les rayons d’Innsbruck, après l’épisode neigeux de Wiener Neustadt, le sélectionneur avait remarqué : « L’Autriche, avec du soleil, ça ressemble à un pays. » La France, avec le niveau de jeu qu’elle a parfois montré aujourd’hui, ça ressemble à une équipe.
France - Allemagne : 24-22 (12-10)
Olympiahalle, Innsbruck. 10 000 spectateurs qui chantaient presque tous en allemand.
FRANCE. - Gardien : Omeyer (13 arrêts sur 35, 37%). Buteurs : Fernandez (2/7) B. Gille (1/1), Narcisse (3/9), Joli (7/8), Karabatic (5/10), Abalo (2/3), Sorhaindo (1/2), Guigou (2/3), Bosquet (1/2).
ALLEMAGNE. - Gardiens : Bitter (15 arrêts sur 36, 42%) ; Heinevetter (2/5, 40%). Buteurs : Gensheimer (1/2) ; Müller (1/4), Theuerkauf (1/2), Glandorf (4/12), Jansen (5/7), Kraus (2/5), Schöne (2/2), Sprenger (1/3), Kaufmann (4/7), Haaß (1/5).
LE POINT SUR LE GROUPE II. Outre celle de la France sur l’Allemagne, le groupe II a vu celles de la Pologne devant l’Espagne (32-26) et de la République tchèque face à la Slovénie (37-35). Résultat, une victoire face aux Slovènes mardi enverra les Bleus en demi-finales, si, dans le même temps, l’Espagne ne vainct pas l’Allemagne. Sinon, tout se jouera lors de la denière journée, contre la Pologne.
Le Classement.
1. Pologne, 5 points (+8)
2. France, 5 pts (+3)
3. Espagne, 3 pts (+6)
4. Slovénie, 2 pts (-2)
5. République tchèque, 2 pts (-11)
6. Allemagne, 1 pt (-4)
Source " le Monde "