Merci messieurs les Experts...!!
Championne du monde, championne olympique, et désormais, championne d’Europe, après sa victoire (25-21) face à la Croatie.
L’équipe de France de handball vole au-dessus de la planète handball.
Le handball est un sport qui se joue à sept, et à la fin, c’est la France qui gagne. En venant méthodiquement à bout de la Croatie en finale de l’Euro (25-21), les handballeurs tricolores ont accompli, samedi à Vienne, ce qu’aucune équipe de handball n’avait encore jamais réussi : se parer simultanément des trois ors de la discipline : olympique, mondial, et maintenant, européen. Le costume doré doit commencer à peser lourd sur les épaules de ces joueurs hors du commun, mais il leur sied à merveille. Après sa performance vertigineuse, cette équipe est réellement entrée dans la légende de son sport.
Un an après le cauchemar qu’ils avaient vécu à Zagreb en finale de leur Mondial, les pauvres Croates maudissent certainement Claude Onesta et ses hommes, qui les ont une nouvelle fois obligés à n’enfiler que de l’argent autour du cou. Mais s’ils peuvent éprouver de la tristesse, ils ne doivent nourrir aucun regret. L’équipe de France, qui avait entamé le tournoi au bord de l’asphyxie, s’est élevée de manière spectaculaire pendant cette campagne autrichienne. En treize jours, elle qui paraissait si vulnérable, est devenue imbattable.
Que se passe-t-il à la mi-temps dans les vestiaires tricolores ?
Les Bleus étaient assurément trop supérieurs lors de cette finale viennoise pas franchement exaltante. Les hostilités entre les deux seules nations invaincues du tournoi avaient démarré par une distribution mutuelle de cadeaux, en forme de passes aux panneaux publicitaires, de tirs sur les gardiens ou de penalties ratés. Abalo était méconnaissable (0/2 en première période), Bosquet, toujours aussi peu inspiré, Karabatic pas encore en action. Alors que les Croates perforaient parfois bien aisément la défense bleue, les hommes d’Onesta ne parvenaient jamais à doubler leur adversaire, mais restaient en permanence dans son rétroviseur (2-4, 10e ; 7-8, 20e). Et quand la troupe de Lino Cervar tentait de les semer (9-12, 28e), les pilotes Karabatic et Narcisse plaçaient le coup d’accélérateur nécessaire. Après trente minutes, Français et Croates partaient se rafraîchir sur un score quasiment identique à celui de l’an passé : 12-12 (contre 12-11 à Zagreb).
Et l’on aimerait franchement savoir ce qui se passe dans les vestiaires de l’équipe de France à la mi-temps des matches. Car une fois de plus dans cet Euro, si les adversaires des Bleus revenaient sur le terrain gonflés d’espoir, ils étaient à plat quelques instants plus tard, piétinés par l’armada tricolore. D’un 5-1 étourdissant, les Bleus envoyèrent valser la résistance croate en huit minutes. Luc Abalo, décidément le joueur le plus réjouissant du monde - sauf pour ses adversaires -, calmait à lui seul les milliers de supporters croates qui avaient transformé la Stadthalle de Vienne en réplique de la Zagreb Arena (17-13, 38e).
On pensait alors la machine à damier rouge et blanc cabossée, on commençait à voir de la fumée s’en échapper, elle se remit en route et se lança dans une course à tombeau ouvert. Si bien que dix minutes plus tard, après un merveilleux lob de Balic, les Croates étaient revenus à un point (19-18, 48e), et ses supporters étaient revenus à la vie. Ce lob de Balic était en fait le chant du cygne croate. Comme à Zagreb, il y a un an presque jour pour jour, la fin de match tricolore fut une leçon de handball et une démonstration de la puissance implacable qui habite encore et toujours cette équipe. Constatant une nouvelle fois son échec, la bande à Balic rendait les armes, jouant les denières minutes au ralenti, comme pour permettre aux Français de les savourer correctement.
Les handballeurs tricolores, insatiables, vont maintenant devoir trouver un nouveau défi pour satisfaire leur appétit. Celui qu’ils viennent de réussir était franchement copieux, mais la
perspective de la défense du titre olympique à Londres en 2012 doit déjà donner faim à certains tricolores. On espère que ces gloutons ne seront jamais rassasiés.
Source : le MONDE 31 janvier 2010