Dans la famille Anquetil, Arthur…Par Laurent MOISSET
Les mots disent tout du lien indéfectible qui le relie au handball. « Je n’étais pas né depuis dix jours que j’étais déjà dans la voiture de mon père pour aller à l’entraînement à Bougnol. »Frédéric, le père, mais aussi Grégory, l’oncle, les ailiers de Montpellier, joueurs majeurs, fédérateurs et « ambianceurs » dont la vie s’accommode si bien des effets capricieux de la petite balle ronde.
Chez les Anquetil, le jeu est un art de vivre, une obsession au quotidien, une maladie transmissible pour laquelle l’entourage n’est pas immunisé. « Effectivement, j’ai baigné là-dedans dès que j’ai vu le jour. » N’est-ce pas d’ailleurs cette forme de surmenage intellectuel qui incite Arthur à prendre, tout môme, ses distances avec l’activité ? La réputation, la notoriété de ses aînés sont, d’autre part, si bien établies en Languedoc qu’il existe des risques à s’aventurer sur les mêmes parquets.
Il n’y posera les pieds qu’à douze ans, le virus n’ayant, finalement, pas été éradiqué. Il y connaîtra, aussi, très vite, un bonheur tourmenté.
« C’est le fils de, le neveu de et cela lui a posé un problème de conscience. »
« J’avais le sentiment que l’on m’attendait au tournant. »
« C’était grisant, admet-il, et enrichissant bien entendu mais l’exigence que j’avais envers moi-même me disait aussi que ce n’était pas suffisant et surtout pas une fin en soi. »
Arthur veut jouer, être lui-même, connaître ses capacités et quand se présente l’opportunité de rejoindre Sélestat en Proligue sous la forme d’un prêt l’été dernier alors qu’il vient de signer son premier contrat professionnel avec Montpellier, il n’hésite pas. « Fallait-il que je continue à parcourir des milliers de kilomètres pour un temps de jeu aussi bref ou n’était-il pas préférable que je tente ma chance avec une réelle possibilité de jouer ? »
L’équation est simple quand le gamin a envie de s’exprimer. A Sélestat dès le mois de septembre, Arthur est intégré dans le projet de jeu et il met souvent l’étincelle. « On le connaissait, souffle Christian Omeyer, le manager général du club alsacien. C’est un joueur de caractère, de talent, grand manieur de ballon, rapide et il l’a, d’entrée, démontré. » Il tourne à six buts de moyenne, a été désigné joueur du mois de Proligue en novembre dernier. Une vraie et grande révélation. « Ca me conforte dans l’idée que j’ai un truc à jouer. » Sans aucun doute avait-il besoin de sortir de son cocon, de ses habitudes, de rompre avec la routine. A Sélestat, il s’est découvert un rôle, des responsabilités sans cesse accrues. « Il est fédérateur, un homme déjà très important dans le vestiaire et le public en fait l’un de ses chouchous », confirme Omeyer.
L’horizon s’est éclairci et Arthur s’est fait un nom. Si ce n’est pas une grande victoire…
Laurent MOISSET / LNH
Crédit Photo : Philippe PADIOLEAU : cliché du haut
Les autres photos : JP RIBOLI