ENTRETIEN DU LUNDI : Michel Barbot : « 21 années merveilleuses et extraordinaires »
Depuis l’automne 1996, Michel Barbot était en charge de la logistique de l’équipe de France masculine. Après 26 compétitions d’affilée et un 10e titre, il a tiré sa révérence au sein du staff. Si sa retraite de la FFHandball sera effective le 31 août prochain, il est déjà impliqué sur d’autres fronts avec la présidence de la Ligue du Centre et la mise en place du musée qui prendra place dans la future Maison du Handball. Un serviteur s’il en est.
As-tu vécu ce Mondial 2017 comme une apothéose ?
Comme quelque chose d’extraordinaire sans aucun doute. C’était ma dernière compétition, qui plus est en France, donc la saveur était particulière. Je n’étais pas plus stressé que sur une autre compétition, j’étais simplement crispé comme d’habitude. Claude me disait toujours : « tu fais chier, tu es toujours stressé. On va la gagner cette compétition ! » Avant les grands événements, je pensais qu’on allait perdre. L’un des deux avait raison. Cette fois-ci, il a eu raison.
En quoi le Mondial 2017 est-il comparable à celui de 2001 ?
Ce n’est pas comparable. Gagner à Paris en 2001, à l’issue d’une finale exceptionnelle marquée par le but à la dernière seconde de Grégory Anquetil, c’était vraiment différent. Il n’y a pas de relationnel entre les deux compétitions car ce n’est pas la même époque. Sans que ce soit péjoratif, le Handball est depuis sorti de la cour d’école pour être aujourd’hui en pleine lumière. Il faut croire que je porte chance (rires) avec 10 médailles d’or remportées en 20 ans. C’est un beau pactole que l’on peut m’envier. C’est beaucoup de souvenirs et de moments à pleurer ou à rire. Je suis par exemple toujours incapable de raconter l’histoire de Pékin, c’est trop fort car on vient de tellement loin.
Dans ce tableau sublime, as-tu tout de même un mauvais souvenir ?
Le Mondial 2007 en Allemagne. C’est un mauvais souvenir mais il nous a peut-être fait prendre conscience que nous ne devions compter que sur nous-mêmes. Parfois il faut prendre un coup de pied dans le c.. pour mieux repartir. Ensuite nous avons réalisé le triplé.
T’es tu « pincé » devant le formidable engouement autour du Mondial 2017 ?
Je me suis pincé tout le temps. Je vais bientôt prendre ma retraite, je donc fais partie des anciens qui ont connu le Handball anonyme des décennies précédentes. Quand je regarde d’où on vient, je n’en reviens pas d’avoir vu à la télévision des publicités avec des Handballeurs. On ne pouvait pas circuler sans voir un panneau Phénoménal. C’est absolument merveilleux.
Quelle image retiendras-tu de cette dernière aventure avec les Bleus ?
Pas une en particulier. L’ensemble de la compétition était super bien organisé. La France a prouvé que le Handball pouvait être médiatique et sa capacité à remplir les salles même avec des tarifs habituellement appliqués dans le domaine du spectacle. L’engouement et la ferveur populaire ont été extraordinaires.
Après Daniel Costantini puis Claude Onesta, tu as vu à l’œuvre Didier Dinart et Guillaume Gille. En quoi le fonctionnement était-il différent ?
Ce n’est pas mon rôle de parler du fonctionnement du staff. C’est de l’interne et cela regarde seulement le groupe. Il y a une forme de continuité dans les médailles après Daniel et Claude. Tout est en place pour réussir et l’équipe de France continuera à gagner. Le fonctionnement de la FFHandball est l’un des meilleurs au monde car il existe une base de détection large avec une politique fédérale partagée. Nos concurrents en ont un peu marre de nous voir gagner mais vu les jeunes que nous avons rentré dans l’équipe, je pense que l’avenir est ouvert.
Tu évoques ta retraite mais tu seras toujours actif…
J’ai arrêté avec l’équipe de France et ma mission pour la FFHandball s’achèvera le 31 août au soir. Pour la suite, j’ai 2-3 petits trucs en effet pour m’occuper ! En premier lieu le musée du Handball avec l’association Leg’Hand fondée par Philippe Pahilhoriès et Nadège Coulet. À la demande du président Joël Delplanque, il y aura une exposition permanente dans la future Maison du Handball. Parallèlement, nous mettons en place une exposition itinérante pour faire découvrir ce patrimoine qui est stocké à Dreux. Une véritable caverne d’Ali Baba. Nous avons des choses sympathiques comme un ballon de 1943, une pièce rare. Un maillot de chaque compétition depuis 1992 est sous cadre et nous avons tous les fanions des compétitions où nous avons remporté la médaille d’or. J’ai par exemple reçu récemment un message d’un collectionneur qui va nous transmettre ses 1500 pin’s.
Avec la Présidence de la Ligue, c’est une nouvelle carrière qui s’ouvre…
Je suis toujours resté très attaché à la région Centre et j’ai accepté d’être élu le 3 septembre dernier. Nous avions maintenu les élections à cette date car il n’y avait aucune modification administrative : la région est restée la même auparavant. Je souhaitais devenir président de Ligue car je pense qu’il y a encore beaucoup de choses à faire dans le domaine du développement.
Lesquelles par exemple ?
Je suis choqué que nous ne puissions pas accueillir de nouveaux licenciés faute de clubs et de salles en nombre suffisant. L’équipe autour de moi est soudée et très opérationnelle avec aussi 11 salariés. Les objectifs sont ambitieux mais réalistes : augmenter le nombre de clubs et maintenir notre niveau de qualité. Nous avons un club en Lidl starLigue (Saran), un en Proligue (Chartres), deux clubs en LFH (Fleury et Chambray) et plusieurs clubs en N1. Actuellement nous préparons la réception de l’équipe de France à Orléans à l’occasion de la Golden League.
Lors des prochains matches des équipes de France, tu ne seras donc plus au sein de la délégation ?
Je ne vais plus être sur leur dos et je vais les laisser travailler. Je suivrai les résultats avec attention et j'irai les voir, en vrai supporter, avec mes potes dans les tribunes.
Source : Fédération Française de Handball