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Publié par fean73

l'ancien Chambérien Tidiane OUEDRAOGO dans la tribune de Geneve

Les espoirs chênois jouent par procuration derrière la TV

Championnat de LNB suspendu et salle d’entraînement fermée, c’est la dure réalité des joueurs de Sous-Moulin. Heureusement, il y a les Mondiaux en Égypte qui leur tendent les mains.

l'ancien Chambérien Tidiane OUEDRAOGO dans la tribune de Geneve
Tidiane Ouedraogo et Marius May attendent la reprise de la compétition avec impatience. En attendant, ils jouent au handball par procuration, devant leur écran de TV.
Magali Girardin   Cela fait deux semaines qu’il joue au handball par procuration, dans son fauteuil, bouche bée comme il dit, devant les prouesses télévisées d’Andy Schmid et de l’équipe de Suisse, invitée surprise des Mondiaux en Égypte. Tidiane Ouedraogo est arrière gauche au CS Chênois Genève, le seul club romand de ligue nationale. Il aura 20 ans ce printemps et le hand, c’est toute sa vie.
Le Genevois d’origine burkinabée a passé cinq ans à Chambéry, d’abord au pôle excellence, puis au centre de formation de l’un des meilleurs clubs français, où évolue Nikola Portner, l’ange gardien de la Nati. Grand espoir, pas seulement par la taille (1,98 m), il a porté le maillot rouge à croix blanche en U19. En LNB, il cherche à se faire une place dans l’ombre du géant ukrainien Maxym Strelnikov, le deuxième meilleur marqueur de l’équipe. Mais là, il est à l’arrêt, cheville endolorie, championnat suspendu et salle d’entraînement fermée.
«Oui, ce n’est pas une situation facile à affronter. On doit prendre notre mal en patience, garder la forme sans avoir l’aiguillon de la compétition pour nous stimuler», confie Tidiane Ouedraogo. Au moins, il a le temps de se soigner en attendant le coup de sifflet de la reprise. «Finalement, ça m’arrange un peu. Je ne prends pas de retard sur mes coéquipiers», poursuit-il. Autant voir le bon côté des choses et tromper son ennui devant la TV. «C’est un lot de consolation», affirme ce fan de l’équipe nationale et de Mikkel Hansen, la star danoise du PSG, désigné trois fois meilleur joueur mondial de l’année. «Il est aussi arrière gauche, c’est pour moi une vraie source d’inspiration.» Son futur à lui, il le voit dans le médical. Physio, infirmier ou ambulancier.

«Andy Schmid, c’est un des meilleurs au monde. Il a son propre style, une qualité de feinte et une vision du jeu impressionnantes. Il sait tout faire sans être un malabar.»

Marius May, demi-centre au CS Chênois GenèveComme lui, son pote Marius May (21 ans) ronge son frein en espérant retrouver au plus vite le ballon. «Faire des pompes tout seul dans son salon, c’est pas très fun. Mentalement, c’est difficile à vivre. Je préfère infiniment mieux les entraînements collectifs, propices aux relations sociales», commente le demi-centre, longtemps intégré aux sélections suisses juniors et espoirs. Lui aussi est parti en France se faire la main, deux ans au centre de formation de Montpellier, l’ancien club de Nikola Portne

l'ancien Chambérien Tidiane OUEDRAOGO dans la tribune de Geneve
Andy Schmid a valorisé le jeu de l’équipe de Suisse et émerveillé les jeunes espoirs de Sous-Moulin.
À Sous-Moulin, Marius May a entrevu la LNA à 16 ans, lorsque Chênois, promu sur le tapis vert, accumulait les déculottées. «Remonter un jour dans l’élite, par nos propres mérites, ce serait super, dit-il. Dommage, en automne, on était bien lancé. On venait d’aligner trois succès et on était invaincu à domicile. Je suis curieux de savoir ce que l’on peut réaliser cette saison, si elle redémarre un jour.» Pour autant, il n’imagine pas faire une carrière professionnelle, la jouer à la Andy Schmid, un joueur qu’il admire, qui excelle au même poste que lui. «C’est un des meilleurs au monde. Il a son propre style, une qualité de feinte et une vision du jeu impressionnantes. Il sait tout faire sans être un malabar.»                                                                                                                                 «Une petite voix intérieure me dit que cela pourrait être moi, sur le terrain, mais pas au Mondial…»Tidiane Ouedraogo, arrière gauche au CS Chênois Genève

Mais à chacun sa place, son choix de vie. «J’ai été réserviste en équipe nationale, je ne sais pas si j’avais le niveau pour aller plus haut», confie Marius May. Il a abandonné ses études de lettres, prépare sa prochaine entrée à l’école supérieure de soins ambulanciers en travaillant dans un EMS. Le Mondial, il le regarde plutôt en différé. Le handball, il l’a découvert comme beaucoup de jeunes lors du tournoi scolaire. Un sport trop méconnu ici, populaire outre-Sarine et renommé de l’autre côté de la frontière. «Oui, c’est comme ça. J’espère que les exploits des internationaux suisses susciteront des vocations et doperont le nombre de licenciés, chez nous aussi», affirme-t-il.

Dimanche, les deux handballeurs genevois ont applaudi la sortie réussie de l’équipe helvétique face à l’Algérie. Schmid a cartonné et Portner a bétonné. «Franchement, elle a assuré, sa performance d’ensemble est plus que respectable», s’émerveille encore Tidiane Ouedraogo. «Et dire qu’elle a même failli battre la France, ça aurait chambré dans le vestiaire», ajoute-t-il. Bien sûr, le spectacle télévisuel ne restitue pas les émotions d’un match vécues au cœur du jeu, les mains barbouillées de colle blanche. Il y a de la frustration dans les propos du joueur chênois. Une envie aussi. «Une petite voix intérieure me dit que cela pourrait être moi, sur le terrain, mais pas au Mondial…» Ce sera peut-être le cas, en mars ou en avril, du côté de Wädenswil.                                       Source : Tribune de Geneve du 25 janvier 2021 ​​​​​​

Tidiane quand il était au club de CHAMBERY / Photo : Jean Pierre RIBOLI

Tidiane quand il était au club de CHAMBERY / Photo : Jean Pierre RIBOLI

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