Euro : un tchèque en blanc de justesse...
La
France s’est retrouvée au bord du précipice face à la République tchèque. Seul un Thierry Omeyer gigantesque l’a empêchée d’y sombrer. Les tricolores s’imposent d’un souffle (21-20) et sont
qualifiés pour le tour principal.
Comme si l’on n’avait pas assez transpiré d’angoisse face à la Hongrie la veille (29-29), les handballeurs français nous ont à nouveau procuré de sévères crises de tachycardie mercredi contre la République tchèque, au cours d’une rencontre d’abord ennuyeuse, puis palpitante et finalement irrespirable. En même temps que son match face aux Tchèques (21-20), la France a remporté un billet pour Innsbrück et le tour principal, certes. Mais ses premiers pas autrichiens n’invitent décidément pas à l’optimisme : rien ne sera simple dans cet Euro pour une équipe qui paraît subitement bien friable.
La première période des champions du monde semblait accréditer la thèse de l’accident face à la Hongrie. La seconde a démontré sans équivoque que la machine bleue était encore salement cabossée. Les trente premières minutes avaient vu l’équipe de France s’offrir une confortable avance (16-10). Celle-ci s’est écroulée au cours des trente dernières. Avec cette statistique ahurissante : entre la 33e et la 51e minute, les hommes d’Onesta n’ont pas inscrit le moindre but, quand leurs adversaires en ajoutaient sept à leur compteur. “Je ne me souviens pas d’une période si longue sans marquer de but avec l’équipe de France”, témoignait le capitaine des Bleus, Jérôme Fernandez.
Omeyer : “on ne va pas pouvoir gagner à chaque fois…”
Revenus de 17-10 à 17-17, avec dix minutes encore à jouer, les Tchèques, euphoriques, avaient l’exploit au bout des bras. La victoire des Bleus n’a alors tenu qu’à un fil, celui qui compose le maillot de Thierry Omeyer. L’Alsacien a justifié son rang et s’est réveillé de son cauchemar hongrois, pour le plus grand malheur des Tchèques. Le meilleur joueur du monde semble s’être acclimaté à l’air autrichien, en dépit d’une atmosphère et d’un adversaire aussi étouffants que la veille. Ses 24 arrêts - sur 44 tirs, soit 55% ! - ont bâti le succès tricolore, avec, en guise de dernière pierre, un ultime arrêt à 15 secondes du terme. Sensationnel.
Les quelques signes rassurants d’agressivité et de solidité défensives entrevus en première période ont ensuite laissé place au doute. “La crainte de mal faire”, expliquait en zone mixte un Claude Onesta détendu, souriant et “pas plus inquiet que ça”. La défense bleue s’est à nouveau ouverte comme un livre. Les habituelles gâchettes tricolores - Guigou (2/5), Karabatic (2/7), Narcisse (4/11) - se sont enrayées. Et la France n’a inscrit que 5 buts après la pause.
Après coup, la performance des Bleus inspirait tout de même quelques réflexions positives au héros du jour, Thierry Omeyer : “On ne fait pas des grands matches. Mais face à la Hongrie, il faut quand même de grosses ressources mentales pour revenir de -4 à quatre minutes de la fin. Aujourd’hui, les Tchèques nous mettent un 7-0, et derrière, on arrive à rebondir. Donc c’est quand même la marque d’une équipe qui a envie de se battre ensemble, de faire de belles choses. Après, il faut régler des choses techniques et tactiques.”
Car pour l’instant, on a peine à croire que ces mêmes joueurs avaient tout dévasté sur leur passage en Chine et en Croatie. Les grandes difficultés de ce début d’Euro promettent des lendemains éprouvants face aux cadors du tournoi que la France sera amenée à défier, à commencer par l’Espagne vendredi. “Toutes les équipes sont surmotivées contre nous, constatait Omeyer. À nous d’essayer de tuer les matches plus tôt, parce que quand ça se joue dans les dernières minutes comme hier ou aujourd’hui, on ne va pas pouvoir gagner à chaque fois.” Avec ces Bleus-là, on ne s’ennuie pas. On vieillit juste de dix ans à chaque match.
• Revivez ce nouveau psychodrame dans les conditions du direct
France - République tchèque : 21 - 20 (16-10)
Arena Nova, Wiener Neustadt. 3.000 spectateurs environ, dont 1% de Français.
FRANCE. - Gardiens : Omeyer (24 arrêts sur 44 tirs, 55%). Buteurs : Fernandez (2), B. Gille (1), Narcisse (4), Joli (1), Karabatic (2), Abalo (4), Sorhaindo (1), Guigou (2), Bosquet (3), Ostertag (1).
RÉPUBLIQUE TCHÈQUE. - Gardiens : Galia (13 arrêts sur 34 tirs, 38%). Buteurs : Nocar (1), Mickal (2), Zdrahala (3), Jicha (6), Filip (5), Sklenak (3).
• La comparaison n’inspire pas confiance :
France - République tchèque : 21-20 ; Espagne - République tchèque : 37-25.
France - Hongrie : 29-29 ; Espagne - Hongrie : 34-26.
À l’évidence, les Ibériques ont mieux réussi leur entrée en matière.
Un pronostic pour France - Espagne ?
Source : le Monde.fr