Claude Onesta aux interpôles à Vaulx-en-Velin
La troisième journée des Interpôles, à Vaulx-en-Velin, a été marquée par la présence de Claude Onesta. L’entraîneur des champions du monde parle des enjeux de la formation
Le sélectionneur de l’équipe de France revient, à l’occasion de cette grande compétition des espoirs du handball, sur les enjeux autour de la formation française.
>> Comment jugez-vous le niveau de jeu proposé aux Interpôles ?
Le niveau est bon. Il montre la qualité du travail réalisé, avec la confirmation de l’élévation du niveau athlétique. Je n’ai pas pu voir toutes les équipes, donc mon temps d’analyse est tronqué. Mais un élément ressort : il y a moins de joueurs qui sortent du lot que les années précédentes. Je n’ai pas vu de jeunes d’exception.
Qu’avez-vous pensé du Pôle de Lyon ?
L’équipe joue bien. Mais je ne retrouve pas de joueurs exceptionnels, contrairement aux années précédentes. Ceci dit, il est difficile de tirer des conclusions définitives, parce que les gamins, sur deux à trois années d’âge, n’ont pas du tout le même niveau et connaissent de grosses évolutions sur une saison.
>> La qualité de la formation, en France, est-elle toujours aussi bonne ?
Le handball est un sport sans argent... Alors, qu’est-ce qui a fait qu’on est capable, malgré cette contrainte, d’avoir ce niveau ? C’est la qualité de la formation !
On parle souvent de l’équipe de France, qui a gagné tant de titres. Quand on identifie les joueurs, depuis le podium en 1992 (il y a 20 ans !), ce ne sont pas les mêmes. Alors, la formation française est une machine qui permet de produire des jeunes de niveau international, comme Accambray ou Barachet sur la dernière compétition. Le relais est passé ! C’est la grande force du handball français : sa continuité. On a réussi à gagner les matchs du moment, tout en préparant ceux à suivre.
>> Le handball français, notamment inculqué dans les pôles, est souvent perçu comme défensif...
La meilleure attaque, c’est la défense ! Elle permet de récupérer des ballons et d’attaquer sur un adversaire désorganisé. La culture française vient d’un handball perdu au fin fond des ténèbres : il y a 25 ans, on jouait en troisième division mondiale... Et on est devenu la meilleure nation du monde ! La progression est passée par la quantité d’entraînement, mais aussi par un rattrapage des autres nations sur leurs registres de jeu. Alors, a contrario des Scandinaves construits sur eux-mêmes, la culture française consiste à essayer de piéger l’autre. D’où la prédominance de la défense, pour déstabiliser l’autre, pour l’amener dans un jeu inhabituel et niveler la différence. Et qu’aucune nation n’est parvenue à nous copier.
>> En aval de la formation, se pose la question de la conservation des joueurs. Comment les garder dans le championnat français ?
Ce n’est pas une problématique particulière au handball. Les meilleurs joueurs de basket ou de foot ne jouent pas dans le championnat français. Je crois, qu’en France, on est dans une logique d’une économie moindre du sport professionnel, par rapport à d’autres nations. C’est un constat, mais ce n’est pas satisfaisant. La seule solution est d’améliorer la santé économique de nos clubs, pour avoir la capacité de garder les joueurs ou de les faire revenir.
Source " LE PROGRES "