Cyril Dumoulin, le gardien du HBC Nantes, quitte le H cet été pour rejoindre Tremblay article de l'OUEST FRANCE

Entretien. Après cinq ans sur les bords de Loire et plusieurs belles pages écrites au HBC Nantes, Cyril Dumoulin a pris la décision d’accepter de s’engager dès cet été pour les trois prochaines saisons avec Tremblay. Choix ambitieux qui le lie à un nouveau projet.

Presse Océan : Comment s’est présentée cette opportunité de signer trois ans en faveur de Tremblay ?

Cyril Dumoulin (gardien du HBC Nantes) : « Le premier pas est venu d’eux. Joël (Da Silva, coach de Tremblay, ndlr) a contacté mon agent pour remplacer Annonay en disant : « Je sais que Cyril est dans une situation où il ne joue pas beaucoup, qu’il est frustré, qu’il a le besoin et l’envie de se relancer et nous, à Tremblay, on veut le mettre au cœur d’un projet sur trois ans en reconstruisant l’équipe ». Huit joueurs en fin de contrat vont être remplacés. Le projet m’a été présenté et, entre l’optique de retrouver plus de responsabilité, certainement de temps de jeu et de se projeter sur trois saisons… à mon âge (37 ans), et dans la situation dans laquelle j’étais, c’était une chose à laquelle j’ai été sensible. »

Vous serez gardien n°1 ?

« Je serai avec le jeune Rubens qui a 22 ans et qui a encore au moins deux années de contrat. Ce serait pour construire une doublette qui se devra d’être performante tout de suite tout en ayant le temps de préparer l’avenir. C’est une vision plus sur le long terme que le très court terme. Contrairement à Nantes où j’étais sur le court terme avec une prolongation d’un an. En sortant de contrat à 38 ans avec le risque d’une saison avec un temps de jeu réduit, il est clair que les opportunités allaient être plus restreintes derrière.

Mais la décision n’a pas été simple à prendre. Quitter Nantes est pour moi difficile, j’ai passé cinq années incroyables ici, j’ai acheté une maison, ma fille est née ici, j’ai tout un cercle d’amis ici… Mais il faut aussi identifier les opportunités et les saisir quand elles se présentent. »

Vous ne vous sentiez pas arrêter votre carrière après Nantes ?

« Non, mentalement je me suis posé la question il y a quelques mois quand je voyais mon utilisation et ma difficulté à le vivre. Mais physiquement dans le travail, j’étais très bien et j’avais encore des choses à amener et à vivre. Et en discutant avec d’autres joueurs comme Arnaud Siffert (ex-gardien coéquipier désormais retraité du hand) qui m’a rappelé ; il m’a dit :" quand tu arrêtes, tu ne peux pas revenir dessus et si tu sens que tu en as encore dans le ventre, ne le fais pas, ne t’arrête pas. Alors quand Tremblay s’est manifesté, j’ai décidé de me projeter encore sur trois ans minimum de carrière. »

Ça n’a pas été compliqué de l’expliquer au président du HBC Nantes Gaël Pelletier ?

« J’ai eu peur de ce moment-là. Ce n’est pas simple à expliquer. On avait prolongé avant (mi-septembre dernier pour une saison jusqu’en juin 2022, ndlr) mais Gaël a vite compris les tenants et les aboutissants, il a su se mettre à ma place, comprendre les différents paramètres. Et ce qui m’a touché, c’est qu’il n’a pas oublié tout ce qu’on avait vécu ensemble. Il l’a aussi fait plus dans mon intérêt que dans celui du club. Par rapport à ce qui avait été vécu, il ne pouvait pas être bien avec lui-même en m’empêchant de saisir une opportunité qui ne se représenterait peut-être pas plus tard. Et sur le plan économique, il voyait bien l’utilisation qui était faite de moi et qui n’était pas forcément en relation avec le contrat que je pouvais avoir et ses attentes. »

Tremblay est en situation délicate en championnat de StarLigue (relégable), vous ne craignez pas de devoir jouer en Proligue ?

« Ça fait partie des points qu’il était un peu difficile à considérer dans la réflexion. C’était une question d’ego. Il était question de s’engager avec un club dans un projet et si je commençais à le faire en y mettant une condition, c’est que je n’étais pas pleinement dans le projet. Je ne suis pas du genre à faire les choses à moitié.

Ils prennent un risque, je prends un risque aussi, on ne sait pas de quoi demain sera fait. C’était oui ou non, j’y allais quoi qu’il arrive ou pas du tout. Et une fois que c’était bien clair dans ma tête, la décision était simple car là, je ne pouvais pas laisser passer cette opportunité. Dans le pire des cas, je n’ai jamais joué en D2, ce sera une expérience (sourire). Parfois il vaut mieux vivre une montée euphorique qu’un maintien délicat et dans un projet de reconstruction et de retour à l’ambition, comme a dit un coéquipier : « Plus tu démarres bas, plus la remontée est belle. »

Avec vous c’est encore un « historique » du HBC Nantes qui s’en va

« Ça fait partie du cycle de vie d’une équipe et d’un club. On a eu une génération qui a vécu des choses incroyables : la finale à Cologne et la victoire en Coupe de France et on sent qu’il y a une rotation d’effectif qui s’effectue avec des jeunes qui ont plus de responsabilités. Le départ de Nyokas, Gurbindo, Figueras, Augustinussen et maintenant moi, ça fait partie du cycle de vie d’un club. »

Et le coaching de gardien comme celui que va exercer Patrice Annonay ne vous tenterait pas ?

« C’est une question que je préfère garder pour le moment où je penserai concrètement à la reconversion. On est dans un poste tellement particulier où chaque gardien qui a accumulé suffisamment d’expérience a beaucoup de choses à apporter sur ce type de travail. Mais toutes mes options ne se concentrent pas sur le coaching ou le handball en lui-même. J’ai appris à découvrir le monde de l’entreprise et tout ce qui peut-être fait à côté. J’ai d’autres projets en cours. Laissons le temps aux différentes possibilités de tracer leurs voies et on verra celles qui s’imposeront à moi dans les années à venir. Trois ans peut-être plus, on n’est pas à l’abri (sourire). »

Source OUEST-FRANCE / PRESSE : OCEAN par QJL Terrien le 18 mars 2021