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Publié par fean73

Entretien du lundi - Jean-Pierre Moréno

Arbitre international pendant 10 saisons avec son compère François Garcia, Jean-Pierre Moréno mettra un terme à sa carrière d’arbitre à la fin de l’exercice. Parmi les heureux récipiendaires de la médaille d’or de la FFHandball remise lors de l’assemblée générale, il revient sur son parcours.

Es-tu sensible à un tel hommage ?
Même si je ne regarde pas forcément derrière moi, oui, bien entendu, c’est touchant. Je pense à ceux qui ont fait partie de ma carrière et qui ne sont plus là aujourd’hui : Jean-Pierre Lacoux, les présidents de la CCA, Laurent Pazinsky, Jean Lelong ainsi que Michel Dockwiller. Une longue carrière, ce sont des petites choses mises bout à bout.
    
Comment est née la vocation ?
Je pense à mon président d’alors du Cercle Olympique Spiripontain (club à Pont Saint-Esprit) car c’est avec lui que l’aventure a débuté. Un samedi matin, il est venu nous récupérer, avec un copain, à l’arrêt de bus pour nous envoyer à Montpellier, en taxi, passer un examen d’arbitrage. C’était un choix moins coûteux que de payer l’obligation. J’ai reçu un 3 sur 20 car je n’avais rien préparé. J’étais vexé et cela m’a encouragé à bien me préparer pour la suite avec l’aide de mon entraîneur en sport-études, Jean-Pierre Lacoux. Il s’arrangeait notamment pour que je puisse arbitrer le mercredi en UNSS avant l’entrainement. J’avais 16-17 ans et cela m’a ouvert les yeux et je me suis dit que ce n’était pas possible de faire une carrière de joueur de haut niveau sans connaitre les règles.

À quel niveau de jeu as-tu évolué ?
J’ai joué jusqu’en N3. J’ai rapidement compris que j’étais barré en tant que joueur. J’avais postulé pour accéder au Bataillon de Joinville mais Maurice Mandin, aussi un voisin qui habitait à 6-7 km de chez moi, m’avait indiqué que j’étais sur la liste d’attente à cause de ma taille. Une carrière de haut niveau, ce n’était pas pour moi. J’ai rapidement arbitré au niveau régional puis une opportunité s’est présentée par Bernard Hort qui m’a associé à François Garcia en 1984.

Une association pérenne qui a gravi les échelons en parallèle de l’équipe de France masculine…
Oui en effet nous avons émergé en parallèleleus. Nous avons d’ailleurs assisté au premier titre mondial en Islande, en 1995. Avec François nous avions fixé l’objectif d’atteindre le niveau le plus élevé sur le plan national en dix ans. Dès 1990 nous l’avons atteint puis nous avons visé le niveau international.

Retenu sur deux éditions des Jeux olympiques, deux Euros, quatre Mondiaux… plusieurs finales de Ligues des Champions, as-tu toutefois des regrets sur ton parcours ?
Non, pas du tout. Il y a eu la blessure à Dunkerque lors du premier tour du Mondial 2001 qui nous a privé de continuer sur cette compétition à domicile. Sur le papier, notre graal c’est la finale des J.O. de Sydney, mais en réalité c’est un match entre la Croatie et la Slovénie, à Zagreb, qui reste mon plus grand souvenir.

Pourquoi ?
Il s’agissait d’un match de classement de l’EHF EURO 2000, pour la 5e place qui délivrait le dernier billet pour les J.O. La Slovénie élimine la Croatie (25-24) dans une atmosphère brûlante et un peu hostile. On n’a pas eu peur car nous étions dans notre bulle. On a ramassé sur le terrain des pièces, des clefs de voiture… À la fin du match, on nous a demandé de rester dans le vestiaire. Nous sommes sortis une demi-heure plus tard et il n’y avait plus personne. C’est le coach de Zagreb qui nous a raccompagnés à notre hôtel. Den plus des sièges arrachés dans la salle, dehors il y avait des voitures brulées.

François Garcia a posé son sifflet après les J.O. de 2000 mais tu as souhaité poursuivre…
Avec mes autres partenaires, nous avons aussi bien fonctionné. D’abord, pendant 10 ans (2004 à 2014) avec Michel Serrano puis jusqu’à aujourd’hui avec Jean-François Bourgeois. Avec Michel, nous étions atteints par la limite d’âge pour obtenir le grade international mais nous avions l’objectif de rester dans le top 10 français. Ensuite, avec Jean-François, nous devions siffler deux saisons et puisque la limite d’âge a été supprimée, nous avons poursuivi sur la scène nationale. Nous arrêterons à la fin de cette saison. Physiquement, c’est de plus en plus difficile. Il est temps aussi de laisser la place aux jeunes.

En quoi est-ce physiquement plus difficile ?
Je n’ai pas un corps de coureur. Depuis toujours j’ai une certaine corpulence et je suis obligé de m’entraîner trois fois par semaine si je veux être au niveau requis. C’est aussi de plus en plus difficile de concilier l’arbitrage avec mon activité professionnelle (éducateur sportif à Pont Saint-Esprit).

Crains-tu d’être submergé par l’émotion lorsque tu siffleras ton dernier match ?
Il y avait eu de l’émotion lors d’un Toulouse - Nîmes qui fut notre dernier match avec François ou encore une finale de coupe de France avec Michel Serrano, entre Paris et Chambéry. Avec Jean-François Bourgeois, nous avons été désignés sur la finale de la coupe de France féminine le 25 mai prochain. Il y aura probablement un petit quelque chose avant.

Quel spectateur es-tu dans les tribunes ou devant ta télévision. Supporter, critique… ?
Je suis indulgent car nous sommes tous passés par des hauts et par des bas. Je suis un spectateur plutôt passif. Je suis passionné par le handball mais je ne suis pas un supporter. D’ailleurs, je n’ai pas signé la charte… Ce n’était pas nécessaire ! Peut-être qu’il en sera autrement lorsque j’aurai arrêté de siffler…

Source : Fédération Française de HANDBALL

Entretien du lundi - Jean-Pierre Moréno

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